Intervenant régulièrement sur le rôle de réseaux sociaux au sein des entreprises, je ne pouvais pas manquer d’aller voir ce film. Je ne regrette pas ! Je connaissais une bonne partie de l’histoire de la création de Facebook et j’en ai découvert d’autres facettes en visionnant “The social network”.
En premier lieu, sur la personnalité du leader (Mark Zuckerberg) que le réalisateur nous présente un peu comme un autiste extrêmement brillant et surtout comme un passionné à outrance pour la technologie. Un attitude digne d’un hérétique comme le décrit Seth Godin dans son ouvrage “Tribus”. Une attitude qui conduit Mark ZUCKERBERG à être marginalisé mais aussi qui le mène sur le chemin d’un succès grâce à un opportunisme extraordinaire.
Et là réside la seconde leçon. Une approche qui ne fait pas partie du programme de marketing que j’enseigne à mes étudiants. Ici, l’innovation ne repose pas sur un business plan, une étude de marché, une analyse approfondie du comportement du consommateur. Une grosse frustration avec une fille et le voilà propulsé sur le chemin de la gloire. La clef du succès réside aussi dans le fait, que cette idée a été conçue par un “consommateur” (un étudiant qui voulait comparer les profiles des autres étudiants), une nouvelle forme de création d’entreprise qui est trop peu évoquée dans les cours de management. Tout part d’une passion appliquée à son environnement. Mark ZUCKERBERG a su, peut-être inconsciemment, exploiter le potentiel de la communauté au sein de laquelle il vivait et ensuite démultiplier cette réussite auprès d’autres communautés. C’est aussi ce que j’explique aux professionnels que je rencontre. Trop souvent, j’observe des blogs, et des pages Facebook très égocentriques. C’est le maire d’une commune qui nous donne chaque jour son agenda, l’office du tourisme qui reste collé sur une approche “produit” oubliant, dans les deux cas, de s’intéresser aux problématiques de leur lecteurs.
Les réussites des startups de ce début du 21è siècle seront celles des “consomacteurs”.
Troisième leçon de l’après-midi : le financement de l’entreprise. Là encore, le réalisateur met en évidence à la fois le rôle du business angels du départ (19’000 $) puis l’arrivée du fondateur de Napster en qualité de Venture Capitalist. En qualité de membre de Savoie-Angels, j’apprécie la démarche américaine. Un scénario difficile à reproduire en Europe car la culture du risque n’est pas la même que dans la Sillicon Valley. Il faut aussi admettre que la taille du marché américain permet aux nouvelles idées d’atteindre un nombre de consommateurs beaucoup plus important et beaucoup plus rapidement qu’en Europe où les barrières culturelles, administratives, linguistiques sont autant de freins à l’innovation.
Un film que je conseille à tous mes étudiants pour leur donner l’envie de créer, d’oser avant qu’ils soient couverts de charges de famille. Un film qui leur apprendra ce que ne suis pas autorisé à leur raconter dans mes cours.
Mais attention, il vaut mieux avoir un peu de pratique des réseaux sociaux, un minimum de connaissance du monde internet, si possible comprendre quelques termes de finances et avoir si possible été exposé à la culture universitaire américaine.
Bref, j’ai aimé et je suggère que ce film soit intégré dans les cours d’entrepreneurship de nos universités suisses ou française.
P.S. Si vous pensez être un “Mark ZUCKERBERG” en puissance :
1) Osez vous lancer !
3) Allez-voir ce film pour vous motiver.
2) Ne considérez pas l’argent comme un frein, venez me trouver pour en parler, je vous aiderai à frapper aux bonnes portes pour obtenir en 15’000 et 600’000 €.
Pour en savoir plus ; http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=147912.htmlJean-Claude MORAND – 25/10/10
6 commentaires:
Bonjour Jean-Claude,
Pour compléter votre analyse, "The social network" met aussi bien en avant les changements occasionnés par l'arrivée des business angels puis des venture capitalists dans le capital d'une entreprise.
Ce n'est clairement pas neutre de faire rentrer des capitaux extérieurs, notamment en terme d'ambiance.
Angéliquement.
Patrick
Merci Patrick,
C'est tout à fait vrai. Non seulement les dirigeants doivent gérer les problèmes de dilution, mais aussi les changements induits dans la philosophie de gestion.
Bonjour,
Vous pourrez peut-être m'expliquer quelque chose à propos du film. Je n'ai pas réussi à trouver la réponse exacte et concrète sur Internet.
Apparemment, dans le contrat qu'Eduardo a signé, il était marqué qu'il serait le seul à voir ses actions diluées en cas d'augmentation de capital.
Comment cela a-t-il marché ?
Il avait environ 1 000 000 d'actions au début, ce qui correspondait à environ un tiers de l'entreprise.
Donc il y avait au total 3 000 000 actions environ.
1 530 000 étaient pour Zuckenberg (51%).
Ils ont ensuite émis 23 000 000 d'actions, c'est bien ça ?
Dans ce cas, qu'ont-ils fait exactement pour que seul Eduardo se voie perdre des parts ?
Ils en ont donné des gratuites à Zuckenberg (environ 11 510 000 pour qu'il reste à 51%), des gratuites aux autres actionnaires, puis vendu un tiers de 23 000 000 à de nouveaux actionnaires ?
Ainsi, Eduardo garderait 1 million sur 26 millions d'actions... ce qui fait 3,8%. Alors que dans le film, ils disent qu'il est à 0,03%.
Soit je n'ai rien compris, soit j'ai raté un épisode, soit je ne sais pas.
Pourriez-vous m'expliquer ceci ?
Je vous remercie !
Olibé
@olibé - N'oublions pas que le scénario est pour partie romancé. Cela dit, les détails peuvent être appréciés qu'à la lecture du pacte d'actionnaire qui aurait pu être établi entre les fondateurs de la 1ère heure. En ont-ils fait un ? Probablement pas, même si le père du business angels est présenté comme une personne avertie. Ce qu'il faut retenir, au delà de la précision des chiffres, c'est l'existence d'un fort risque de dilution pour les actionnaires initiaux et qu'il est impératif de préciser le processus de relution (attribution d'actions gratuites)en particulier lors de l'arrivée de nouveaux actionnaires (ici les VC)au sein des pactes d'actionnaires.
Je n'ai pas les informations qui me permettraient de répondre précisément à votre équation. Il me semblerait logique que le fondateur Napster se soit accordé un bon paquet d'actions pour son apport en industrie, en particulier pour la recherche de nouveaux actionnaires. Par ailleurs, n'oublions pas que les avocats d'Edouardo ont contesté cette dilution et ont trouvé un accord pour une indemnisation dont le montant n'a pas été dévoilé. Elle pourrait bien être égale aux 3.8% du capital que vous évoquez moins une pénalité pour son action de blocage du compte de la société.
Merci pour toutes ces informations complémentaires. J'ai encore quelques cours à prendre là-dessus :)
Beer Bergman m'a communiqué le message suivant sur FB : "Voilà un article intéressant par Eduardo Saverin sur comment il voit cet épisode de sa vie et quels sont les intérêts de la création d'entreprise pour la société... http://bit.ly/9YXINE "
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